Pierre Grignon, mieux qu’un appui : une réflexion

22 06 2008

Voici un appui que je n’attendais pas. Je l’ai cependant convoité, je dois m’en confesser. C’est un cadeau. Certains diront que le texte est un peu long pour un carnet.  Je leur répondrai que lorsqu’il s’agit de Pierre Grignon, ce n’est jamais trop long.

Bonne lecture.

J’ignore combien de journalistes professionnels animent un blogue à caractère essentiellement municipal, sur un dossier particulier. À l’heure où des millionnaires ayant fait fortune dans les vidanges tentent de fermer des salles de nouvelles en régions sous prétexte que leur acquisition de TQS en dépend, je m’interroge sur ces deux aspects : «journalistes professionnels» et «dossier essentiellement municipal». Si les montréalistes peuvent survivre à cette mort annoncée des nouvelles à TQS, ce qui ne leur fera pas un pli sur le nombril du Québec qu’ils croient être, il en va tout autrement pour ce qui est des régions. Les voies de communication, et les voix des communicateurs risquent de bifurquer vers des canaux parallèles ou innovateurs en matière de démocratie.

Le blogue d’André Bérard, journaliste professionnel et citoyen de Sainte-Adèle, explore une artère nouvelle, moderne, libre, donc menaçante. Surtout pour certains élus peu habitués à la discussion, même entre eux. Je ne dis pas «tous» les élus. Plusieurs sont bien préparés à exercer leurs délicates fonctions et ont compris qu’on ne peut pas plaire à tout le monde et à son père. Ni à son maire… Scusez!

Je ne crois pas aux dictats imposés par des pétitions ni à ceux d’éventuels blogues si bien animés soient-ils. Vous avez bien lu «dictats imposés». Les élus sont d’abord des élus. Et ils doivent le demeurer. Ils ont à assumer des responsabilités très lourdes. Ils doivent exercer leurs fonctions de manière éclairée, au-dessus de tout soupçon et de toute cabale partisane. Pour moi, un blogue animé de façon consciencieuse, au même titre qu’un journaliste professionnel se doit de traiter honnêtement l’information venant de sources vérifiées et véridiques, peut être d’un apport très précieux dans la prise de décision. Tout intervenant dans un blogue sur un dossier municipal doit signer son texte. Pas de pseudonyme. Pas de faux-fuyants. Chacun doit également signifier de quelle ville ou village il est. N’oublions pas qu’il s’agit de dossiers municipaux, relevant des élus d’une ville en particulier. Le blogue étant planétaire, il importe de savoir d’où sont les intervenants. Tout simplement.

Il faut voir les levées de boucliers et les hauts cris qu’ont suscités les constructions de la tour Eiffel et du château Frontenac, pour ne prendre que deux exemples entre mille. Les pavés ont volé et les chemises se sont déchirées dans des élans poétiques et patriotiques dans un Paris, que dis-je, dans une France outrée à l’idée d’élever un tel monstre d’acier dans la capitale française. À Québec les gens ont manifesté dans les rues contre la construction d’un hôtel sur le cap Diamant. Quel outrage allait-on commettre à tout jamais! Ce fut peut-être la plus grande controverse de l’histoire de la Vieille-Capitale. Quels sont les symboles de Paris et de Québec aujourd’hui? Je ne crois pas que je me serais soustrait aux débats de l’époque. Je ne dis pas que j’aurais été du clan des promoteurs de ces projets. Je suis plutôt convaincu du contraire. J’aurais perdu ces deux combats mais je ne ferai pas signer de pétitions pour leur destruction. Nous pouvons faire avec…     

Les élus qui gouvernent au seul timbre des sondages ne méritent pas de gouverner. Certains citoyens qui prétendent déterminer les actions des élus par la seule voie des pétitions ne valent guère mieux. Oui à un sondage sur l’état de l’opinion d’une population sur une question donnée. Non à une prise de décision reposant sur le seul résultat  d’un sondage. Oui à une pétition qui apporte un point de vue pertinent d’un groupe de citoyens directement concernés par une éventuelle décision politique. Non à la prise de décision sur la seule foi d’une pétition. La sagesse des élus impose de tenir compte de ces éléments éminemment démocratiques, mais sans s’y plier de manière servile et opportuniste. 

J’appuie la création du blogue sur l’Îlot Grignon, vieux projet éternellement remis sur la table, que dis-je, sur l’autel des consultations, des grands déchirements et des études en série sur la revitalisation du centre-ville de Sainte-Adèle. Comme si le «cœur de Sainte-Adèle» avait déjà vibré à cet endroit qui s’appelle «le parc Claude-Henri-Grignon»! Le blogue saura-t-il éclairer les lanternes par un argumentaire rigoureux? J’ose l’espérer. Je le crois, même.

Se pose la question fondamentale de la participation des élus ou des officiers de la Ville à un blogue portant sur un dossier chaud de leur administration quotidienne. Chacun aura sa réponse bien personnelle à cette question piège. Car c’est un piège. Je n’attends pas d’un maire, ni d’un élu, ni d’un cadre l’engagement de participer de façon formelle et soutenue à un blogue. Se tenir informé, oui. En tenir compte, évidemment. Mais être obligé, je dis bien «obligé», d’y participer, non. Absolument pas. Chacun a une propension plus ou moins grande à écrire, quand ce n’est pas carrément un blocage, car c’est bien de cela qu’il s’agit. La transparence est plus proche du respect de la vérité et de l’honnêteté que de l’obligation de se confesser sur le perron de l’église après la grand’messe.

Je ne suis pas convaincu que j’écrirais ce texte si j’étais encore maire de Sainte-Adèle. Pourtant j’adore écrire. Je n’ai pas le syndrome de la page blanche, ni de la caméra de télé en studio, pas plus que d’un micro. Je dispose en plus de tout mon temps. Ce ne serait pas le cas si j’étais maire de cette Ville, surtout dans l’état où certains l’ont menée ces dernières années. Et je suis libre aussi. Comme jamais auparavant. L’ancien président de classes, d’associations étudiantes, de syndicat de professeurs, l’ancien directeur de collège ou maire d’une ville que j’ai été a toujours eu à partager des politiques, des stratégies de négociations normales, qui demandaient une grande écoute et une ouverture d’esprit, mais pas l’obligation de se confesser sur Internet. Je parlais spontanément à Télé 4 à chaque semaine à mon émission personnelle, en plus d’avoir aidé à ramener la télédiffusion des séances régulières du Conseil, abolie par les membres du Conseil précédent en des temps troubles entraînant la tutelle de 1992.

Le blogue d’André Bérard doit vivre. Il doit respirer la transparence de tous, sans exception, car comme toutes les voies de communication il doit respecter la liberté première de chacun : y participer activement ou pas.

Pierre Grignon,
Citoyen de Sainte-Adèle,
17 juin 2008

 

 

 


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2 responses

24 06 2008
Doris Poirier

En réponse à mon ami Pierre Grignon.

Vous aimez vous rappeler les vaines oppositions à la Tour Eiffel et au château Frontenac. Moi je préfère me souvenir de ce petit peuple de paysans français qui un jour décida de se rendre à la Bastille armé de pelles, de fourches et de pioches pour dire au roi “ assez c’est assez”. Ils affrontaient un puissant, qui possédait tous les pouvoirs et les armées. Et pourtant ils déclenchèrent la révolution française.

Aujourd’hui le petit peuple ne sort plus armé d’instruments aratoires, son arme c’est la parole. Une pétition, un blogue, un journal de quartier, c’est la parole donnée au petit peuple.

Ceux qui ont le pouvoir d’imposer des dictats sont ceux qui ont comme arme la Loi toute puissante qu’ils peuvent utiliser comme des chars d’assaut contre le petit peuple, au seul motif qu’ils ont été élus.

J’espère que le peuple se servira de sa seule arme, la parole, pour ramener les puissants à la raison.

Doris Poirier.

16 10 2010
pierre rochette

cher Monsieur

le hasard a fait surgir votre blog sur mon ecran… Comme j ai une admiration profonde pour monsieur Pierre Grignon, pourriez-vous lui transmettre mes humbles mots

Pierrot
ermite des routes

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